Le saxo sommeillait tout près des plantes vertes.
Le soleil s'infiltrait par la porte entrouverte.
Quelques notes restaient paralysées dans l'air,
Dont le parfum moisi agaçait la poussière.
Entre les plis fripés de l'antique moquette,
Demeuraient les relents échappés de chaussettes
Froissées et délabrées. Sur le sol, oubliées,
Elles gisaient, perdues, près des vieilles chaussures,
Dont le cuir, tout ridé, recouvert de marbrures,
Longtemps avait vécu des journées difficiles,
Sur les pavés usés des quartiers de la ville.
Dans un vase on voyait un bouquet fatigué,
A la mine défaite et aux feuilles ridées,
Sous le lit, agacé par de nombreux moutons,
Dépressif, il boudait le ventru bombardon.
« Tu es mon patapouf » lui disait la guitare,
« Tu me plais, tu le sais, bien plus que la cithare ».
Timide, le hautbois déclarait son amour,
Vibrant et bégayant à un très beau tambour,
Qui lui, était muet à cause de l'archet
D'un violon qui l'aimait et qui avait troué,
Frappé de jalousie, sa vieille peau fripée.
Tous ces vieux instruments voulaient jouer du jazz
En s'entendant, poussifs, comme l'eau dans le gaz.
Virgile.
Bombardon : Contrebasse à vent, en cuivre, employée par les orchestres d'harmonie.
Écrit par virgile
On ne peut être poète sans quelque folie. Démocrite.
Catégorie : Poésie
Publié le 18/04/2023
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Amusant, et bien écrit, naturellement! A vrai dire, en arrivant aux godasses usées, j'avais depuis longtemps oublié le saxo du premier vers et je me disais "mais où va-t-on?", puis on retombe sur les instruments de musique et, le jazz nous ramenant au saxo, la boucle est bouclée... |
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Bella de Vnirfou |
Bonjour Virgile Très sympa a découvrir tous ces instruments de musique Merci Capucine |
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Capucine |
Vous poétisez la lassitude des objets puis les amours des instruments. C'est génial ! |
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scyles |