Je marchais dans une rue aussi grise que mes pensées.
Soudain, devant moi, une apparition : Christine !
- Bonjour Christine !
Elle me regarda comme l'on examine un lézard plongé dans le formol d'un bocal
oublié dans un laboratoire poussiéreux.
Et, sans rien dire, elle continua son chemin.
Je courus derrière elle et je lui dis :
- Tu ne te souviens pas de moi ?
Elle daigna répondre :
- Mais je ne vous connais pas Monsieur !
Dix ans déjà, que l'on s'était perdus de vue et elle, elle avait perdu la mémoire.
Ou elle faisait semblant.
-Tu te prénommes bien Christine ?
- Oui, mais ça ne veut rien dire.
Comment avait-elle oublié notre amour fougueux du temps passé ?
Déjà, la nostalgie rompait les digues de mon cerveau et envahissait mes neurones.
Du poison à l'état pur finalement.
Qui avait rompu, elle ou moi ? Je ne sais plus !
- Je n'ai pas de temps à perdre avec un dragueur de pacotille ! me dit-elle.
- Pacotille comme l'était le cœur en métal que je t'avais offert ;
un cœur que j'avais découpé dans une boîte en fer blanc d'haricots verts Bonduelle ?
C'était une nuit d'été, tu ne t'en souviens pas ?
On s'était retrouvés dans le jardin public de la ville et tu m'avais juré que tu garderais ce cœur toute ta vie.
Où est-il maintenant ? Tu l'as jeté ?
Je crus voir dans son œil une larme qui hésitait à couler.
- Un cœur ? Vous êtes fou ? Laissez-moi maintenant !
Elle prit la fuite et j'abandonnais la partie.
Ces souvenirs, ces mêmes souvenirs qui restaient gravés dans une tête
et qui s'oubliaient dans une autre.
Un souvenir amoureux impalpable, presque virtuel, sans support matériel,
sans preuve, quelle valeur pouvait-il avoir ?
On était en été comme au temps jadis de notre amour oublié.
A vingt-et-une heures, je retournais dans ce jardin juste pour effectuer un retour vers le passé.
Elle était là, assise sur ce même banc qui avait bien vieilli.
Toute blanche, presque transparente, immatérielle…
Je m'assis à côté d'elle, à peine un reflet.
Et je compris !
Elle se leva et s'éloigna dans l'allée à peine éclairée par la lumière pâlotte de la lune.
Et elle disparut brutalement bien avant d'arriver à la fontaine depuis longtemps muette.
Et sur le banc, juste près de moi, se trouvait le cœur métallique
que je lui avais offert il y a bien des années…
Virgile.
Écrit par virgile
On ne peut être poète sans quelque folie. Démocrite.
Catégorie : Fantastique/Sf
Publié le 05/04/2021
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c'était pas bonduelle qui dérive de bondieu mais cassegraine fais attention quand tu fais les courses elle s'appelle Christine tout de même et c'est le lundi de Pâques oh les hommes je te jure !! |
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justine |
Merci Justine. Quand on poétise, emporté par l'inspiration, on ne pense pas à tout ! |
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virgile |
Bonsoir, Quelle Histoire ! qui touche ! Elle a son parfum nostalgique, dramatique .. Un Cœur offert dans une quelconque " ferraille", ça manquait de Fantaisie pour plaire à la Belle .. :) Et cela ne lui a pas apparemment étourdi le Cœur .. Elle a voulu oublier .. ! LyS .. |
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Lys-Clea |
Merci LyS | |
virgile |
Un véritable talent d'écriture,un destin tout tracé. Pas de gâchis. Merci pour ce moment d'imagination. | |
lo |
Merci lo. | |
virgile |
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