Les canons en acier, vidés de leurs grenailles,
Toujours chauds, reposaient sur des ballots de paille.
Devant eux s'étalaient les horreurs de la guerre :
Des corps tout calcinés, enterrés sans prières.
Dans les champs ravagés par des nuées de bombes,
Qui creusaient sans efforts tant de sinistres tombes,
Les merveilleuses fleurs soudain avaient vécues,
Étouffées à cause de leurs parfums perdus.
Les corbeaux croassaient, attirés par l'odeur,
Des chairs décomposées exhalant leurs humeurs.
Les cris claquemurés dans les bouches cousues,
Gonflaient les joues meurtries des spectres dévêtus.
Le ciel se recouvrait de sinistres nuages,
Versant des trombes d'eau en de fougueux orages.
On voyait se former d'étranges processions,
Portant des pancartes, clamant « mort aux canons ».
Les tromblons, les fusils, les avions et les chars,
Se vendaient, à l'abri, dans de vastes hangars.
On y trouvait aussi de vieilles baïonnettes
Et des guillotines ayant perdu la tête.
Dans un coin reculé se cachaient les bombardes,
Grosses et jalousant les fines hallebardes.
Elles désertèrent tous les champs de bataille,
Privant leurs ennemis de toute leur mitraille.
Par leur faute naquit une vive tension,
Dans tous les régiments et les gros bataillons.
Les révoltes, soudain, reprirent le dessus,
Les soldats se livrant à des combats de rue.
La multiplication des écrans de fumée,
Endigua l'avancée de toutes les armées.
Entre elles commença une lutte sans nom
Et ce fut le début de la fin des canons…
Virgile.
Écrit par virgile
On ne peut être poète sans quelque folie. Démocrite.
Catégorie : Fantastique/Sf
Publié le 21/02/2022
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Virgile vous êtes un conteur de talent. Quand j'ai commencé la lecture de votre texte, j'avoue que j'y allais un peu à reculons. La guerre, actuellement est dans toute nos pensées avec L'Ukraine et la Russie. Mais, je me suis laissée porter par votre belle écriture et j'ai bu vos mots jusqu'au bout. Bravo ! |
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Iloamys |
J'ajoute ce poème à mes favoris aussitôt lu, chaque cers vaut ce favori Tout est juste, du lyrisme au propos, et toujours cette musicalité que vous savez jouer savamment Magnifique, visuel, tellement réaliste Bravo Et merci |
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Edelphe |
Un poème inattendu en raison des es vers plus longs qu'à l'accoutumée et de l'absence de strophes ... Une réflexion assez dérangeante mais non sans pertinence : Le rêve de ne plus fabriquer d'armes ouvrira-t-il bel et bien sur la fin des guerres, ou ne se traduira-t-il pas plutôt par un simple changement de visage des conflits ? Car la chute, comme d'hab, est magistrale ! |
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Ombrefeuille |