Année 2399 :
Au fond d'une mine abandonnée depuis des siècles,
Julius, un archéologue solitaire, découvre vingt amphores en verre, parfaitement conservées,
contenant un liquide de couleur mordorée.
Chacune d'elle porte une in scription dans une langue inconnue : জীবনের অমৃত
Après des mois de travail, Julius a pu traduire cette in scription : « Elixir de vie ».
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Un jour il aperçut tout au fond d'une mine,
Le reflet mordoré d'une amphore vieillie,
Sa paroi granulée comportait des lettrines,
Phrase qu'il traduisit par « élixir de vie ».
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L'élixir distillé dans des cuves ardentes,
Acquérait la couleur des coutils d'autrefois,
Obtenu à l'issue d'une ébullition lente,
Il était transporté par d'antiques charrois.
L'air brûlant transformé en fougueuse tempête,
Dans des lieux obscurcis, odorants et hostiles,
Empoisonnait le sang, faisait tourner la tête,
Des condamnés à vie pour des délits futiles.
Le labeur commençait à l'aube vacillante,
Revêtus de ponchos, les esclaves creusaient
Dans le roc, surveillés par des durs sycophantes*,
Ces monstres délateurs que le mal apaisait.
Ils ne se souciaient pas, des sanglantes menstrues,
Des femmes attachées par des cordes d'orties,
Leur peau se recouvrant de vilaines verrues,
De toutes les couleurs comme des confettis.
Quant aux pauvres enfants, dans ce monde sans-gêne,
Ils vivaient, tous reclus, dans des grands chapiteaux,
Ces tristes avant-goûts des futures géhennes**,
A quinze ans, les soldats leur tatouaient la peau.
Dans l'enfer de leur mine et du froid des prisons,
Tous les persécutés, parlaient de l'élixir,
Cet étrange liquide, une trouble boisson,
Qui, disait-on souvent, empêchait de mourir.
Alors tous comprirent, qu'en buvant ce poison,
Pour toujours ils seraient, malades mais vivants,
Dans ce monde cruel, rempli de déraison,
Des esclaves maudits jusqu'à la fin des temps ?
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Année 2728 :
Julius, l'archéologue, descend dans sa cave et contemple, reconnaissant, les amphores alignées contre un mur. Comme chaque matin, il boit une gorgée de l'élixir…
Virgile.
* sycophante : fourbe, délateur. Personne qui dénonce (quelqu'un) pour des motifs sordides.
** géhenne : enfer, dans la Bible. Torture, question, supplice.
Écrit par virgile
On ne peut être poète sans quelque folie. Démocrite.
Catégorie : Fantastique/Sf
Publié le 04/03/2022
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Glaçant !!! Et bien écrit, ce qui renforce l'effet ! Dieu nous garde de trouver la formule d'un tel élixir ! La durée ordinaire de la vie humaine suffit amplement à faire le mal, n'en rajoutons pas ! J'ai aimé ce récit d'anticipation qui résonne avec acuité à notre époque qui lorgne vers cette illusoire immortalité ... |
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Ombrefeuille |
Bonsoir, L'Imaginaire , chez Vous, galope de Gouttes en Gouttes ... :):) Malades mais vivants ?? Destinée peu enviable .. Brrr ! LyS .. |
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Lys-Clea |
Un joli conte, imagé et profond, qui renvoie subtilement à l'actualité Bravo |
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Edelphe |