Dans les bars oubliés,
Perdus au fond des cours,
Quelques machines à sous,
Cliquettent dans la nuit.

Le bal des vieilles pièces,
Dans les circuits rouillés
Agacent les pochards.
Devant leurs yeux rougis,
S'affichent lentement,
Des dessins, des symboles,
Qui ne veulent rien dire.
Ils sont là, les fantômes,
La main sur le levier
Et le regard collé,
Sur l'écran translucide.

Dans les bars oubliés,
Perdus au fond des cours,
Quelques machines à sous,
Cliquettent dans la nuit.

Dans l'air opaque et gris,
Planent des litanies,
De sons désordonnés,
De crécelles endormies.
Le temps ne passe plus,
Dans ces arrière-cours,
Qui embaument l'ennui.
En ces lieux inutiles,
Sur les tables voilées,
S'assèchent au fond des verres,
Des liqueurs étouffées.
Sur les porte-manteaux,
Des foulards, des casquettes,
Découpent dans la brume,
Des halos du passé.

Dans les bars oubliés,
Perdus au fond des cours,
Quelques machines à sous,
Cliquettent dans la nuit.

Ils sont là, tous hagards,
L'espoir plein les poumons,
La tête dévissée
Et le cœur en déroute.
Leur cerveau est figé
Et leurs idées confuses
Fondent un monde enchanté,
Un éden retrouvé…
Ils oublient de penser
A leur sombre avenir.
Les années passent ainsi,
Dans les bars oubliés,
Perdus au fond des cours,
Où les machines à sous,
Cliquettent dans la nuit.

Virgile.