Sur la limite séparant le monde en deux,
Une femme est assise, les larmes aux yeux ;
Dans les vagues, ses larmes comme des cristaux
Tombent, et tristement, ses pieds baignent dans l'eau.
Le visage couvert du sang de ses enfants,
Beau visage à présent voilé par le chiendent,
La belle et tendre femme à la couleur d'ébène
Dans l'écume de ses fils pleure et se démène !
O courageuse femme aux beaux pieds de sirène,
Toi qui as connu de l'esclavage les peines,
Enduré les viols des enfants des autres reines,
Tu pleures et regrettes à présent tes chaînes !
Tu as longtemps voulu ce salutaire instant,
Où libre, tu serais rendue à tes enfants !
Hélas dans ton cas, l'ânesse en vain a mis bas
Et ton dos zébré ne se reposera pas !
Femme féconde engendrant des enfants stériles,
Tes champs sont vastes et riches, tes plans nombreux,
Hélas la récolte s'annonce puérile,
Et beaucoup de pieds ne sont bons qu'à mettre au feu !
Femme laborieuse amassant tant de richesses,
Tes amorphes fils, ankylosés par Paresse,
Hélas restent dans la pauvreté embourbés,
Quand, pour ramasser, il suffit de se courber !
Mère, c'est la mort et le désespoir dans l'âme,
Que tu pleures le lait de ton sein abondant,
Lait que tes fils bonasses lèchent lâchement
Sur les bavoirs des enfants des autres dames !
Que veux-tu ? Les lois de la divine nature
Veulent que des héritiers encore immatures
Voient leur héritage passer sous les très bons soins
De majeurs, qui très souvent en ont grands besoins !
Pour vaincre le rude soleil de ton désert,
Tu rêvas du jour où tes fils deviendraient cerfs !
Hélas, de leurs bois, ils se montrèrent peu fiers,
Et l'absurde cerf devint de l'ombre le serf !
Par instant tu balaies du regard l'océan,
Et ton œil témoigne de l'aliénant spectacle
De tes fils qui, comme une Armée après débâcle,
Se débandent et errent dans les quatre vents !
Là bas, sur des plages inconnues et lointaines
Tes rivales dans leurs bras les recueilleront,
Et leur sueur coulant à flot comme des fontaines
Sera, pour leurs terres d'accueil, riche limon !
Quand, pour te consoler, tu poses ton regard
Embué de larmes chaudes, larmes amères,
Sur ton sol, devenu immense cimetière,
Tu ne trouves que fureur, sang et charognards !
Il pleut sur tes sols une pluie de noirs pompons
Déversée par je ne sais quelle main poudreuse,
Et qui inspire à tes fils une humeur haineuse,
Furieuse humeur que n'apaise nulle chanson !
Seigneurs, comme ils sont loin ces soirs de clair de lune,
Où le lointain roulement du tambour parlant
Annonçait les belles nuits, O nuits opportunes
Peuplées de rires gais et d'applaudissements !
Aux paisibles roulements du tambour parlant,
Tes fils préfèrent les canons crachant la mort ;
Aux acclamations qui jadis saluaient l'effort,
Ils préfèrent des mitrailles les bruits sanglants !
Les fillettes et garçonnets de ta maison
Sont zombis semant ruines et désolation,
Au claquement de doigts de maîtres sans raison,
Indignes fils nourrissant ta putréfaction !
Mère, déjà on entend chanter les perdrix
Aux coins de ta cour envahie par l'herbe folle,
Toi dont les bras se vendent ailleurs à vil prix,
Et qui ne trouve nulle main qui te console !
Là bas à l'horizon, la tempête se lève,
Et tu regardes se disperser ta farine
Que le vent de ses rudes rafales élève
Sous l'œil de tes enfants qui endurent famine!
Mère pleure, laissez la pleurer, fils indignes !
Bientôt, elle entamera son chant du cygne,
Elle qui aurait prié, jusqu'au seuil du cercueil,
Que ses enfants montrassent un soupçon d'orgueil !
Écrit par wendinmi
O mon Seigneur, tu fis de l'amour un délice,Mais qui aime sans être aimé court au supplice!
Catégorie : Triste
Publié le 26/05/2011
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Je ne suis pas fan des poèmes longs mais le tien est superbe, avec beaucoup de références à la nature tout en traitant un sujet sensible. Merci pour cette belle lecture et bienvenue ici ! Bises. |
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Nighty |
Un poème fort en métaphores et puissant dans le fond. Un grand talent de narrateur, bravo. Belle fin de journée |
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Nadine |
Merci pour le compliment! Il me va droit au coeur et me donne la hardiesse d'écrire toujours! Vous êtes formidables et en vous je trouve une famille! Il est des liens acquis qui sont plus forts que ceux du sang, et en exemple je cite cette amitié que vous inspire la commune passion poétique et que vous m'offrez sans calcul! Je suis heureux d'avoir découvert ce site!Cordialement! | |
wendinmi |