Palmyre* est morte et j'erre à travers le désert
La légion, la cohorte a combattu les sables
La cité a ployé sous nos soldats capables
Nous avons rudoyé sous nos chefs trop diserts
Leurs ordres sont de ne faire aucun prisonnier
Le Krak des Chevaliers* déjà eu ses massacres
Cette contrée eut tant de rois que l'on consacre
Et même une reine à ce qu'on veut témoigner
Je suis Franc, je suis Russe et ma peine est syrienne
Si rien ne veut finir la guerre est éternelle
La Syrie la couve, son âme maternelle
Produit des enfants qui ont des amours terriennes
Natif d'Alep*, l'une des cités si anciennes
Que son origine est relatée par Sumer
Je combats pour les lions et je défends ma mère
Notre guerre est comme Florence contre Sienne
Je suis musulman et ma mère est très chrétienne*
Notre pays complique un vœu occidental
D'opposer les peuples et coutumes, fatale
Est la destinée qui nous rive à cette antienne
Kamal est mon prénom, je me fous d'être chiite*
Je défends mon pays sur les champs de batailles
Je vis enterré mais j'en ai jusqu'à la taille
De cette terre aimée, puis je fume du shit
Oui il nous faut tenir sus aux bombes humaines
De nouveaux croisés nous bombardent à toute heure
Nous avons embrassé la révolte, un malheur
De dictateur nous tue semaine après semaine
Je vais rallier son camp car je veux d'abord vivre
J'affronte ma conscience où je me sais vaincu
J'étais un chevalier mais je n'ai plus d'écu
Je fus un crac et j'ai craqué, la mort est ivre
Je reviens sur Damas, ma peine capitale
Dans les fourgons d'acier d'Assad notre saint père
Il sait ce salaud là nous acheter par paires
J'ai besoin de passer par la case hôpital
Cham* flamboie de ses feux sous un ciel ocre et mauve
La terre est acariâtre et les hommes sincères
Héliogabale* est loin qui tînt Rome en ses serres
Le spirituel est en nous mais rien ne nous sauve
La mer Méditerranée borde la côte au Levant
Je voudrais m'y noyer avec la jolie fille
Que j'aimais, Natacha l'Ukrainienne et ses trilles
Ma chanteuse est partie rejoindre son Liban
La Syrie est en guerre et je vais en mourir
La gangrène installée et l'Etat Islamique
Me font la jambe belle, et je me fais la nique
Trop de shit dans le nez, sur un lit à pourrir !
(*Palmyre, cité du désert et empire eut pour reine Zénobie, le Krak des Chevaliers est une forteresse franque datant des Croisades, Alep est une ville vieille de 7000 ans d'habitat ininterrompu, la Syrie compte 10 cultes chrétiens, les chiites locaux sont dits alaouites, Cham est le nom du pays en langue arabe, Héliogabale empereur romain est né à Homs)
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Evasion
Publié le 20/02/2019
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Comme à ton habitude Georges tu excelles dans l’exercice , car tu ne fais pas que rapporter en poétisant le chaos que plus personne ne comprend, mais en te passant par un enfant de Syrie tu agrémentes d'une émotion humaine à couper le souffle ... Il y a tant de misères qui se superposent dans cette régions : Un dictateur , serpent à plusieurs têtes , bien tranquillisé même après le génocide des siens .. La gangrène de l'état islamique ;épée de Damoclès qui fait toujours peur aux syriens qui voudraient renter chez eux ... Et le destin du peuple kurde pris en sandwich entre Bachar et Erdogan ... Grand merci Georges ! |
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Yuba |
Merci Assia, c'est un plaisir d'être lu par toi, toujours généreuse et vigilante ! J'ai tenté de rendre ce que pouvait être l'amertume d'un syrien rebelle après tant de temps et d'avanies, plongé dans la guerre civile. C'est complexe, car j'inclus la trahison de ses idéaux. Le style suit, puisque l'histoire commande. |
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jacou |
J'apprend. | |
eric |
Merci beaucoup pour ton commentaire, Éric ! J'ai tiré des éléments du livre suivant, de l'historien Jean-Pierre Filiu : "Le nouveau Moyen-Orient". J'y ai appris moi-même des choses, car l'auteur a vécu longtemps en Syrie, avant la révolution toutefois. | |
jacou |