Laylâ en ses habits, c'est un corps florissant
Comme, aux branches, bourgeons qui gonflent la ramure.
Peu importe à Laylâ que jamais de mon sang
Je puisse la tenir pour quitte : la brûlure
De ce feu dévorant, ne la sait-elle pas ?
Dites-le-lui : mon sang appartient à Laylâ,
Et quant à l'âme, elle a été si loin, si fort
Que celui qui l'aimait pleure déjà sa mort.
Ton corps, sous ces habits, est tout bonheur, éclat...
Si le manteau, Laylâ, même un peu, c'était moi !
Je t'ai vue, je t'ai vue : en mes songes, ou bien
De mes yeux grands ouverts, entouré de témoins ?
Te serrant contre moi, j'ai dit : “Mon feu est mort !â€
Mais ce feu-là ne meurt, il brûle, il est plus fort !
J'ai chaque fois grand peine, alors que tu t'en vas,
A rester dos tourné, tant je suis obsédé
De ceux qui vont te voir, qui vont parler de toi.
L'amour, cet inconnu, est venu jusqu'à moi
Rencontrer un cœur vide... et sitôt possédé
Si tu lui apportais, ô l'ami, mon bonjour,
Ployant sous le chagrin, elle fondrait en larmes,
Et le secret amour de son cœur en alarme,
Eperdu d'un seul mot de moi, viendrait au jour.
Malgré elle, à torrents se répandraient ses pleurs,
Et plus rien ici-bas ne ferait son bonheur.
Voici le jour ! Le soleil monte ! Appelle-moi !
Tu sauras mon bonjour à ce signe : l'aurore !
Dix fois bonjour quand il se lève, et dix encore
Quand il jaunit, quand l'heure approche où il s'en va
Je trace au sol une image : c'est elle...
Je pleure, et mon cœur n'est plus que tourment.
Elle me fuit, je me plains, je l'appelle
Comme un souffrant, près de l'épuisement.
Je plains l'amour et toutes mes misères,
Plainte d'amour qui s'en va vers la terre..
Majnûn Laylâ ou Kaïs et Layla
Traduction d'André Miquel
Écrit par Yuba
Si tu me demandes combien de fois
tu es venu à mon esprit Je reponderai une seule fois ... Car tu ne l'as plus jamais quitté Jalal-Eddine Roumi Catégorie : Citation
Publié le 19/03/2019
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Kaïs le poète aima jusqu'à la folie Laylâ, sublime délivrance d'amour impossible ! J'avais lu "Le Fou d'Elsa" d'Aragon qui s'inspire du récit, puis un ami Kaïs m'en avait naturellement parlé, enfin je trouve ici grâce à toi une belle traduction classique, par ce passeur entre les cultures qu'était André Miquel ! Merci Assia. | |
jacou |
fascination de l'écrit traduction intense merci amitiés:) | |
romantique |
Merci infiniment à vous deux Georges et Sylvain pour vos retours , ils traduisent en moi une belle générosité et une reconnaissance de l'autre et de ce qu'il est dans sa différence ... Je dois vous préciser que cette traduction est d'une rare fidélité par ce qu'elle apporte l'originale sensibilité du poète Kays Ibnou l' Malouh par le talentueux André Miquel dont les traductions sont programmées en classes de terminales littéraires dans les lycées marocains . Bises :) |
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Yuba |