Si enfin je parle en usant de ce poème
Affirmer mes troubles, libérer les affluents
D'airs, le 9alame* en main, cheveux en bohème
Sous tente, les ordres d'histoire affolant

Ma vie de nomade est silence millénaire
Le temps s'arrête, désert habité d'ennui
Quand il fait jour, sa poésie porte et me serre
Quand il fait nuit, moi la muse, Layla* je suis

Lui c'est Kays , sa rhétorique jamais ne cesse
Ce conte éperdu, perdu en chance du rêve
Qu'il fait voler fait voltiger dans la liesse
Traces sur le fin fil ému que soifs achèvent

Nous appartiennent au-delà de leur rafale
Les vents et les sables qui se mettant par deux
Dessinent nos reliefs, en souvenir sur dalle
A défaut d'être vie, qu'elle nous lance aux cieux !

Vers l'éternité dans la rythmique imposée
Un soleil face imperturbable, de larmier
Et la lune entourée d'étoiles sans oser
En secouer le feu d'une feuille de palmier

Au nom de toute rose sculptée sur la roche
A l'incarnation du chant né du destin
A l'évidence caresse portée en croche
Des pleurs des gazelles à l'effet de satin

Quel est ce crime premier en pérennité
Celui de citer en poète irradiant ?
Sa voix continue en sa vive nudité
Et défend l'assise pure de l'Orient

Ô fou de Layla tu restes ce promeneur
Solitaire, ton art remplissant les livres
En rimes d'amour sont quatrains verseurs
Que ce thé qui depuis attend, en devient lui-même le vers ivre

Inspiré de ma lecture actuelle :" Majnoun "
Du poète Kays Ibn Almoulawah
Traduit par André Miquel

9alame : crayon, différent de
kalame : paroles
Layla : nuit et prénom