Son silence aujourd'hui qui s'invite à ma table
Tambourine en mon cœur en écho de chagrin,
Tel un vil imposteur, il m'afflige et m'accable
Propageant, en mon âme, un nauséeux venin.

Son destin, tour à tour, fut divin… puis infâme :
Un numéro gravé à jamais dans sa chair
Et tant de cauchemars qui tourmentaient son âme
Et taraudaient ses nuits d'un passé délétère !

Ses doigts étaient si chauds mais, sous sa peau diaphane,
Les veines de ses mains disaient les meurtrissures
Qu'elle avait endurées, jadis, et tous les drames
Qui ont jonché sa vie dans l'enfer de hauts murs.

Elle était mon credo, mon essence et ma force
Et j'aimais à penser qu'elle était invincible,
Me grandissant encor' tel d'un arbre l'écorce,
Car son amour, pour moi, était indéfectible !

Un jour de juin, hélas, emportant ses chimères,
Tout ce qui la faisait et ce qu'elle a été,
L'exilant à jamais, ma privant de ma mère,
A son chevet, pourtant, la mort s'est invitée.

Où est-elle à présent ? Où est son âme aimante ?
A-t-elle retrouvé celui qu'elle a aimé ?
J'ose espérer, enfin, que ce qui la tourmente
S'est tu et, qu'apaisée, elle repose en paix !