Samuel Taylor Coleridge, un pur poète
Fréquentait en secret le club des Haschichin,
Et méditait longtemps dans la fumée des rêves
Aux jours inconsistants où tout semble irréel.
« Et si un voyageur voguant dans son sommeil
Avait dans le lointain trouvé le paradis,
Qu'il avait accueilli entre ses doigts noueux
Une fleur délicate au nectar infini ,
Le matin le verrait tellement sidéré
De tenir dans la main la gracieuse corolle,
Ne devrions-nous pas alors en convenir :
La vie est un songe que les hommes poursuivent».
L'écrivain HG Wells, intrépide argonaute,
A bord de sa machine explora tous les temps,
Convaincu de trouver le radieux avenir
Qu'il avait entrevu dans ses visions d'antan.
Hélàs, il affronta un monde abominable
Peuplé d'anges déchus et de monstres odieux,
Les uns flânaient idiots dans des cités en ruine,
Les autres les chassaient pour leur festin hideux.
Au retour, mortifié par la cruelle épreuve
Où s'étaient dissipées ses grandes illusions,
Il sentit dans la paume à l'aube palissante
Encore palpitants, des pétales fanés.
Puis, ce fut Henry James, auteur labyrinthique
Que toujours fascina la courbe du passé,
Au point où une nuit quand vaguaient les nuages,
Il s'en fut rechercher ce qu'il avait été.
Il revint au manoir où dormaient ses ancêtres,
Traversa les couloirs où chuchotaient les vents,
Tandis qu'un clavecin au timbre funéraire
Ressuscitait les morts regrettés des vivants.
Là, il se rencontra figé sur une toile,
Le visage ridé sur le corps d'un enfant,
Il serrait dans le poing courbé par les années
La tulipe rêvée à la fin de ses jours.
Ainsi ces trois amants de la vie éternelle,
Ennemis de ce temps qui assombrit le ciel,
Ont découvert fiévreux dans leur quête nocturne
Cette fleur offerte par le souffle d'un Dieu.
Écrit par Banniange
Il faut habiter le monde comme un poète
Catégorie : Evasion
Publié le 08/05/2019
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Fleur salvatrice ! Poème magnifiquement orchestré, trois tronçons qui rendent hommage à trois grands auteurs, et j'ajouterai que le tout est écrit par un très grand poète, sûr de ses moyens ! De Wells tu cites le roman fameux, de Henry James c'est "Le Tour d'écrou" il me semble bien : trois récits, la poésie, la science-fiction, le fantastique, qui se conjuguent pour un superbe hommage nostalgique à la fragilité ! Vives félicitations Banniange, ce poème là naturellement rejoint mes favoris. |
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jacou |
Merci jacou, oui, bien sûr, trois grands auteurs qu'on lit et relit avec plaisir, de surcroît, l'idée de cette fleur des rêves m' a été suggéré par le quatrième mousquetaire, le bien nommé Luis Borges, le roman inachevé d'Henry James dont il est question s'intitule : The sense of the past. | |
Banniange |