Mille neuf cents quatre-vingt-six ton herbe noire
A versé dans la nue les sarments de l'armoise
J'ai bu ton absinthe qui fleurit la mémoire
J'étais adolescent fleurissant au Val d'Oise
C'était un temps où des passeports pour nuages
Ne leur permettaient point de franchir les frontières
Pareils à des migrants ces moutons des alpages
Contournaient cependant les oukases trop fiers
Je découvrais alors la folie d'Hölderlin
Mes nerfs me trahissant je me paralysais
Maladie délaissant la pensée qui s'incline
Vers le poète aimé dès lors plus ne lisais
L'hôpital me guérit à sa façon rapide
Mais je songe à ces gens que le ciel nucléaire
En semant ses cancers a fauché intrépides
Ils respiraient la vie la mort était dans l'air
(Tchernobyl est la ville d'Ukraine où se déroula une catastrophe nucléaire en 1986. En russe, « tchernobyl » signifie « herbe noire » ou encore « armoise », plante à partir de laquelle on distillait l'absinthe. À cette époque, le gouvernement français prétendit que les émanations nucléaires répandues dans le ciel de l'Europe entière, poussées par des vents vers l'ouest, n'avaient pas survolé la France. Qu'il soit permis d'en douter. La France possède de très nombreux réacteurs nucléaires, le plus grand nombre par tête d'habitant.)
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Environnement
Publié le 24/06/2019
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A trop souvent faire voler la mort dans nos cieux, l'humanité va manquer d'air. Le mensonge royal, maintient le petit peuple dans son vivarium. Bravo! cher poète |
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singe vert |
Merci d'avoir une pensée pour tous ceux qui ont souffert de cette tragédie... Quel que soit le pays. Il est très bien mené ton poème Georges, bravo... | |
grêle |
Des passeports pour nuages... Drôle... puis ...Joli ... et triste. Merci pour tout ce poème et ces pensées Georges. |
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feuille_au_vent |
merci Georges ..Tchernobyl reste une angoisse latente face aux centrales,ton poème est comme une jolie fleur poussée sur les terres irradiées... d'une beauté tragique..qui fait bien fusionner mots et musique en parfait équilibre !! | |
Aria |
Je le trouve également drôle ce poème par cette idée que les nuages radioactifs sauront s'arrêter poliment aux frontières ...lol Je me souviens bien de 1986 , année de naissance de Yasmine à Lille , et de l'atrocité du sentiment catastrophique lié à cet accident nucléaire du Tchernobyl... Ma Jihane ( élève ingénieur) fait actuellement un stage à la centrale située près de la ville d'Avignon , elle travaille sur un matériau nouveau pour le stockage des déchets , un immense chantier dont elle refuse de donner les détails ...secret d'Etat oblige !...lol Ceci et ta conclusion Georges contribuent à augmenter sérieusement nos peurs... |
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Yuba |
moi aussi j'attendais mon premier enfant, et je me rappelle avoir pleuré de devoir l'accueillir dans un pareil monde!! | |
Aria |
Singe vert, Marine, Jonathan, Dominique, Assia, je vous remercie du fond du cœur pour vos lectures pleines d'empathie ! Cette année 1986 a ravivé vos souvenirs, surtout pour Assia et Dominique à juste titre, et, outre Tchernobyl, je pense que ce furent des années nucléaires et polluantes : il y avait eu la catastrophe chimique de Bhopal en Inde en 1984, et le scandale du "Rainbow Warrior" en 1985, sur fond d'essais nucléaires français dans l'océan Pacifique. C'était la folie des eighties ! | |
jacou |
Un poème engagé et élégant jacou, j'avais 18 ans en 1986 et je me souviens très bien de cette tragédie... Bien des années plus tard j'avais été marqué par les reportages qui traitaient de l'état des lieux, c'était très émouvant, édifiant. Cela m'inspirait de la compassion et un certain sentiment d'étrangeté, d'absurdité. | |
Alphaesia |
Merci Olivier, j'avais le même âge en 1986 (19 ans en août 1986) et je me souviens avec quelle force je captais alors tout ce qui arrivait, le bon, le meilleur, comme le moins bon. L'on connaissait à l'époque le manque de moyens d'information et l'informatique personnelle en était à ses balbutiements, d'où la possibilité du "bourrage de crânes" et des fake news devenues aujourd'hui répandues mais qui sont rapidement "debunkées". Tchernobyl reste un haut lieu de l'héroïsme humain, pour ses "nettoyeurs" mal équipés s'affairant autour de la centrale, comme pour les pompiers new-yorkais le 11 septembre 2001... Ceci est un souvenir positif, ô combien. |
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jacou |
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