La poupée de chiffon gisait sur les décombres,
Passaient les regards perdus sur le chemin,
Au crépuscule on voyait leurs ombres,
Cheminer vers un autre lendemain.

C'était l'été, la chaude et délicieuse saison,
L'air embaumait le tilleul et la poudre,
Il fallait bien se faire une raison,
Au bout du chemin s'y résoudre.

Sans trouver le paradis mais juste une demeure,
Des mains sensibles pour panser le sort,
Il était impossible qu'elle meure,
Juste imaginer qu'elle dort.

Le foulard que lui avait offert son doux fiancé,
Déchiré là sur un pan de grille détruit,
Qui a semé les germes de l'insensé
Sur la terre heureuse du fruit ?

Détonation déchirant les âmes sur un monde égaré,
Voilà quel était l'aspect de ce fol orage,
Un sourire d'enfant apaisait l'outrage,
Quelquefois sur le sol ravagé.

Voyageurs si vaillant d'un périple involontaire,
Dont chaque pas se dérobait sous le poids,
Fleurs trahies d'une pénible terre,
Qui entend encore vos voix ?

La poupée de chiffon gisait sur les décombres,
C'était l'été, cette si chaude saison,
Trouver le paradis dans les ombres
Les fiancés avaient raison !

Alphaesia