Le seizième voyage (suite)

Ô miracle des miracles !
Le prince s'envola sans ailes ! Il s'envola et fit un voyage des plus agréables . Son coeur connaissait enfin la joie paisible, son mal l'avait quitté.

Le prince : Ah ! Si je pouvais vivre ainsi, planant entre ciel et terre, je serais l'homme le plus heureux ! Ah ! Si je  pouvais vivre ainsi près des étoiles, goûtant au plaisir de la solitude !
La solitude , se dit-il , est un privilège dont il faut être digne.
Parmi les étoiles brillantes dans l'herbe noire de la nuit. Sadreddine remarqua une merveilleuse boule qui au loin luisait de mille feux. Une joie immense envahit son coeur. Si je pouvait dit-il posseder cette boule magique , je serais l'homme le plus heureux du monde .
Sur ce, il se mit à la poursuite de l'objet spacial. Il plana pendant une longue partie du rêve , pendant deux mois peut- être.A la fin il renonça . La boule  s'éloignait...s'éloignait...Sadreddine exténué par cette boule cosmique, finit par hurler :
- Boule merveilleuse . Boule magique , viens à moi, car je ne peux aller à toi.
Et la boule magique vient à lui. Splendide oeuvre d'art ! Elle était faite d'un métal inconnu sur terre. Elle était plus brillante que le diamant, plus luisante que l'or. Elle était finement ciselée d'arabesques multicolores.
- Boule merveilleuse , ordonna le prince, va à droite !
Et la boule s'executa.
- Boule merveilleuse , dit le prince de nouveau, va à gauche !
Et la boule se déplaça avec infiniment de grâce.
- Boule merveilleuse , veux tu danser pour moi ?
Et la boule dansa une ronde magique .Le prince était au comble du bonheur.
Hélas ! Tout cela n'était qu'un rêve...
Le malheureux se réveilla en sursaut, aussi triste qu'un oisillon tombé du nid. Son mal terrible l'avait repris. Il n'y a de force que Dieu...tel est notre destin .

( Les musiciens jouent un air mélancolique )

Le lendemain il convoqua la  cour : les chambellans, les conseillers, les vizirs et les dignitaires au front creusé par les soucis de l'âge.

Le prince Sadreddine raconta son merveilleux rêve et termina son rêve ainsi :
- Quiconque  est capable de réaliser pour moi une boule semblable, je le nommerai l'homme le plus puissant du royaume , après moi, je le rendrai riche, aussi riche que Dieu a décidé qu'il pourrait l'être.
Je lui donnerai mon plus beau palais, je le marierai à la plus jolie créature du royaume, je lui céderai ma troupe de comédie, mes musiciennes , mes chanteuses et danseuses. J'offrirai mon jardin unique à quiconque me donnera la boule magique. Je lui cèderai ma rose aux papillons.

Le Mufti : Loué soit l'ordonnateur qui tient dans ses mains la domination de l'univers et à qui revient le monde du visible et le monde de l'invisible.

Le Prince : Je dois vous prévenir, celui qui échouera dans cette entreprise aura la tête coupée.

Ali : Ô prince doué de prudence et d'équité ! Que Dieu prolonge ton existence , je suis capable de réaliser cette boule, Inchallah.
C'est le beau Ali le Sage qui parla ainsi.
Le prince : Non pas toi Ali le Sage, tu es un ami d'enfance, nous sommes nés le même jour , nous avons étudié sur le même tapis . Nous avons grandi ensemble, nous sommes comme les doigts de la même main.
Ali : Que Dieu prolonge tes jours, Ô Prince, je suis capable de réaliser pour toi la boule magique , Inchallah.

Le prince Sadreddine le supplia  encore une fois en lui disant : si tu n'as pas quatre-vingt-dix neuf pour  cent de chance, ne tente pas cette expérience. Je ne veux pas te perdre, toi mon ami d' enfance, dont les paroles sont plus douces que le miel.
Ali : Sire, je suis capable de réaliser cette boule !

Le prince Sadreddine fit une de scriptiin précise de la boule à son ami d'enfance. Ce dernier demanda quelques mois de délais et s'en alla dans la forêt.

Ecoutez noble assemblée ! Ecoutez la belle et étrange légende du prince Sadreddine et de la boule magique, une légende pleine de poésie et de mélancolie !
Ali le sage qui a prétendu réaliser la boule magique et qui demanda quelques mois de délai, réussira_il dans son entreprise ? Et comment ?

Il faut peut être rappeler que cet homme était un sage malgré son jeune âge. Il était instruit de toutes sortes de sciences ésotériques, magiques, prophétiques et divinatoires. Il était surtout versé dans la science des sciences, la science cachée: l'alchimie.
Aucun métal n'avait de secret pour lui. Il avait découvert un procédé diabolique pour inventer d'autres métaux inconnus de l'homme. C'est dans les livres cabalistiques , rédigés en araméen que le jeune homme avait pris ces choses que seuls les démons - les Afrites et les Djinns- connaissent.
A près plusieurs semaines de recherche, il mit au point un métal , un alliage plus brillant que le diamant, plus lumineux que l'or, la grande oeuvre !

Ali le sage fabriqua laboule avec le bois le plus léger qui soit: le coeur desséché du palmier.
La boule était maintenant recouverte d'une couche du métal précieux, inventé par Ali le sage. Elle était décorée et ciselée suivant les de scriptions du prince Sadreddine. Il procéda à l'ouvertire d'une petite porte qui épousait les lignes élégantes des arabesques. La boule était évidemment truquée.
Ali le sage demanda à un enfant de huit ans , mince comme un roseau, de pénétrer dans la boule .

Celle-ci était si fine qu'on pouvait entendre les bruits extérieurs, donc les éventuels ordres du prince.L' enfant répéta plusieurs jours avec Ali ; blotti dans la boule , il exécuta les ordres avec grande adresse.
Le jour convenu, Ali se présenta devant le prince entouré de toute sa cour : les chambellans, les grands dignitaires, la reine Yacout Ennour qui dit à la lune :" brille ou je brille" et Zohar le prince au rire qui éclate en mille petites lumières, tout le monde piaffait d'impatience.

( Fanfares)

Ali : Salut et dilection , qu'Allah t'élève et fasse durer ton règne , prince Sadreddine : voici l'objet magique !
A la vue de la boule , le prince Sadreddine, sentit son âme se dilater de joie et le bonheur  envelopper ses yeux .
C'était exactement la boule qu'il avait vue quelques mois auparavent.

Et comme dans le rêve de jadis, il lui dit : " boule merveilleuse, va à gauche" , et  la boule s'exécuta.

( Fanfares)

" Boule merveilleuse , va à droite" et la boule comme  par enchantement obéit ;
" Boule merveilleuse , danse pour moi" la boule dansa avec une grâce légère qui ravit les membres de la cour qui fut saluée par les you you qui ébranlaient les âmes.

(You you de femmes )

Et le prince Sedreddinne ould Sultane tint ses promesses.Il combla son ami Ali de ses bienfaits. Il lui offrit son beau palais, sa troupe de comédiens , les musiciennes et chanteuses et aussi son jardin arrosé de lune. Il le maria à la plus belle femme du royaume.
Le prince était enfin heureux , son mal avait définitivement quitté son coeur.

Ali vécut aussi des mois et des mois dans le confort, mais un sentiment douleureux l'empêchait de jouir pleinement des dons du prince. Sa conscience le tourmentait. Ses yeux ne connurent plus le sommeil. Il fallait qu'il avouât sa faute pour apaiser sa conscience.
Il demanda audience au prince.

Ali : je ne cherche pas ô prince généreux ! à échapper au châtiment . Mais je suis la proie du remord , je dois t'avouer que j'ai menti . La boule n'était pas magique, je l'ai truquée.

Le prince Sadreddine en eut beaucoup de peine. Son mal le reprit.
Sadreddine : Mon coeur m'invite à oublier cette faute grave , mais ma bouche ne peut dire les paroles du pardon. Tu auras - et je suis à la limite de la désolation- la tête tranchée.
Ali : Nous sommes nés pour mourir.
Ali le Sage quitta le prince de nouveau mélancolique.

( l'assemblée pleure . Un chant triste)

Ce qui est écrit est écrit...
Jour de brume et de désespérance , le lendemain on jeta le malheureux Ali dans les bras de son bourreau.

( Deff)

J'ai vu de mes propres yeux , moi, Youness Errawi, j'ai vu le sinistre cortège passer devant l'école où l'enfant complice de Ali, était en compagnie de ses camarades.
- Ali, Ali, où est-ce que tu vas ? hurle l'enfant.
- On va me couper la tête.
- Mais pourquoi ? dit l'enfant .
- Tu le sais bien , j'ai menti au prince, tu es même le seul à le savoir.
-Mais Ali...c'est de ma faute...Quand tu m'avais donné rendez-vous, je n'ai pas pu venir, ma mère m'a retenu, c'est de ma faute. Je suis resté à la maison parceque ma mère avait de la fièvre.
Ali le sage se tourna vers l'enfant, lui sourit en lui disant :
- Alors ne le dis jamais. Ne raconte jamais cette histoire.

" le meilleur plaisir est celui qu'on n'a pas obtenu"

Écrit par Yuba
Si tu me demandes combien de fois
tu es venu à mon esprit
Je reponderai une seule fois ...
Car tu ne l'as plus jamais quitté

Jalal-Eddine Roumi
Catégorie : Citation
Publié le 28/06/2020
Ce texte est la propriété de son auteur. Vous n'avez en aucun cas le droit de le reproduire ou de l'utiliser de quelque manière que ce soit sans un accord écrit préalable de son auteur.
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Commentaires
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Posté le 28/06/2020 à 07:28:35
félicitations Yuba cette histoire m'a passionnée tu as un grand art de conteuse...merci bon courage!@
romantique
Posté le 28/06/2020 à 16:20:05
Merci beaucoup Sylvain pour ta lecture , ta patience : les derniers voyages de ce conte sont un peu longs...
Mais ne sont pas de moi , je voudrais aller au bout de ce défi , en partageant l'oeuvre entière du dramaturge marocain : Tayib Saddiki

Bises :)
Yuba
Posté le 28/06/2020 à 18:59:28
Bonsoir,

Magie ! on reste béat, cloué devant ton joli Conte !

Merci pour ces Instants, les Symboles, les Petits Mystères que Chaque Etre se doit aller chercher sous les Mots ..

Bravo, Bravo !!
Lys..
Lys-Clea
Posté le 29/06/2020 à 12:37:39
Merci beaucoup Lys pour ton grand enthousiasme et ta pertinence lecture !

Il encourage à poursuivre le partage ce chant venu d'ailleurs, cette narration à l'écoute des êtres, incitant à une certaine méditation...

Bises :)
Yuba
Posté le 29/06/2020 à 16:51:30
Il y a toujours beaucoup à retirer de ce conte, toujours beaucoup à méditer, et c'est toujours avec autant de curiosité, d'intérêt et de plaisir que je lis chaque étape de ce grand voyage.

J'aime particulièrement la réflexion sur la vie et la mort dans celle-ci, et aussi la conclusion, qui me rappelle un adage du bouddhisme zen: "Celui qui a atteint son but a manqué tout le reste."

L'étape 16 dans mes favoris, je suis déjà partante pour la 17ème!

Un grand merci à toi pour la poursuite de ce partage très enrichissant, que je guette toujours.

Bises amicales :)
Matriochka
Posté le 29/06/2020 à 23:52:15
Mille millions de merci chère Matriochka pour ta belle curiosité et ton grand intérêt pour cette oeuvre avec laquelle le conteur fait le tour du Monde en soufflant des mots coupés dans la sagesse et invitant à la méditation des êtres et la philosophie de la vie...

Et encore merci pour le favori !

Bises :)
Yuba
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Bonne soirée et bonne nuit à vous, Ange de Lumière.
08/04 09:11Ange de Lumiere
Très belle soirée à tous
08/04 08:42Ange de Lumiere
Bonsoir les poètes
07/04 09:03Ange de Lumiere
Bonsoir à tous
07/04 08:59Yuba
Je souhaite la bienvenue à Ange de Lumière, de nouveau parmi nous chez les modos :)

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