Un matin au ciel gris, elle me convoqua dans son bureau.
Sans explication.
En marchant dans le long couloir, je voyais, au fur et à mesure, les murs devenir mous.
Le sol semblait se froisser et mon visage avait des allures de défaite.
- Mauvais présage, me dis-je.
C'est qu'avec elle on ne savait pas à quoi s'attendre. Elle dégainait son luger
et abattait sans sommation, sans pitié.
Avant d'atteindre la porte de son bureau,
je passais en revue toutes les bêtises que j'aurais pues faire. Mais non, il n'y avait rien.
Peut-être avais-je été dénigré par quelques langues de vipères qui rampaient partout autour de moi.
Voilà j'étais devant sa porte.
Je frappais et j'entrais comme on se jette en parachute troué
et mal rapiécé au-dessus des montagnes d'Afghanistan.
Je fixai un instant ses yeux. Ils étaient terribles !
Mon sort était scellé.
Elle économisa ses phrases :
- Vous prenez vos affaires et vous dégagez ! Je ne veux plus vous voir.
Plus aucune trace de vous ici !
Elle avait dans sa main une grosse gomme et elle agitait son bras dans l'air, dans un mouvement de va-et-vient comme si elle effaçait un vilain mot sur une feuille blanche.
Et alors peu à peu, je vis mes mains disparaître et dans le miroir, derrière son bureau,
j'aperçus mon visage devenir transparent.
Elle m'effaçait...
Elle posa la gomme sur sa table. Elle avait effacé le héros de sa bande dessinée.
Elle avait raté son personnage.
Avec un crayon noir elle commença à tracer une esquisse de son visage
sur la feuille de dessin blanche.
C'était mieux, beaucoup mieux.
Un matin au ciel bleu, elle me convoqua dans son bureau.
Sans explication.
En marchant dans le long couloir, je voyais les murs redevenir solides.
Le sol avait repris son aspect bien lisse. Je me sentais mieux.
Voilà, j'étais devant la porte de son bureau…
Virgile.
Écrit par virgile
On ne peut être poète sans quelque folie. Démocrite.
Catégorie : Fantastique/Sf
Publié le 15/09/2020
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Sympa. L'idée est originale. ;-) |
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Iloamys |
C'est génial ! comme idée poétique Bravo Virgile ! |
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Yuba |
Rêve récurrent ? Souvenir traumatique ? J'ai lu et apprécié ce récit d'une disgrâce fictionnelle. Être ainsi reconduit laisse des traces, à surmonter. Mais l'égide du fantastique ici recouvre sans doute un non-dit dans le champ de la conscience. Merci à vous pour ce texte, qui continue à la fin, tel un jour "sans fin"... | |
jacou |