Au carrefour du temps perdu
On vous a recherchés longtemps,
Nos mains glissaient sur l'enceinte
Du noir royaume de l'oubli,
Nous avons exploré des villes
Où des mannequins suppliaient les horloges
D'arrêter ces aiguilles qui détricotaient le temps,
Dans les forêts pétrifiées, des oiseaux fossiles
Poussaient des glapissements de pierre
Vers l'écho des éboulis.
Etait-ce l'ombre de leurs ailes géantes
Qui nous poursuivait
Ou le souvenir de votre présence ?
Nous avons suivi les méandres
Des fleuves aux eaux si sombres
Que les étoiles venaient y chercher leur lumière,
Sur leurs berges assoupies de neige, nous avons surpris
Quelques traces discrètes
Et dans les airs résonnaient
De lancinants murmures,
Des échos éloignés de noms oubliés,
Nous savions qu'il nous faudrait descendre
Dans des souterrains habités
De vos vestiges si convoités.
Vous nous aviez promis tant de merveilles,
Un monde fabuleux où circulaient des anges!
Alors, nous avons sondé les nécropoles
Car la mémoire des morts comme les coquillages
Garde au fond de leurs spirales
Le souffle des premiers instants
Mais les caveaux étaient verrouillés et
Nous n'avions pas les clefs.
Plus tard, nous avons découverts les ruines
D'une cathédrale où saignait une croix,
Un chœur d'enfants chantait des louanges,
En nous approchant, nous nous sommes reconnus
En eux, ils étaient notre jeunesse
Encore vibrante de foi !
C ‘est vous que nous cherchions,
Vous que nous fûmes,
Déjà jadis.
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La recherche de l'enfant qui gît en nous est une quête de reconnaissance de soi. Ça vaut une psychanalyse et ça coûte moins cher. Très beau poème. A relire. ;-) |
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Iloamys |
Une fois à l'automne de sa vie, ce serait bien de revenir à son printemps, avec la gomme qui va bien ! Très joli poème! |
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Banane |
commenter en fait cela revient à paraphraser je trouve ce serait dommage |
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justine |
"Où des mannequins suppliaient les horloges D’arrêter ces aiguilles qui détricotaient le temps" J'adore ce passage , et tout le poème est une oeuvre riche en profondes pensées ; une fenêtre sur notre passé qui nous échappe déjà... Bravo Banniange ! |
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Yuba |
Placé sous l'égide de Proust et des surréalistes, ces belles voix annonciatrices du 20ème siècle, ton poème est un beau chant de désespoir et d'espérance à la foi. Jamais notre jeunesse ne reviendra, mais les chœurs de nouveaux enfants résonnant sous la voûte d'une cathédrale, c'est comme une chanson de veilleur entonnée pour que demeure la foi en l'humanité parmi nous. Merci Banniange pour cette publication magnifique où morts (au début, mannequins et caveaux) et vivants (les chœurs d'enfants) se mêlent en harmonie. |
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jacou |
Merci pour vos beaux commentaires et la lecture de justine, puissions-nous retrouver parfois en nous cet émerveillement natif qui fait tant défaut à notre civilisation de désabusés technolâtres, on en aura besoin pour affronter ce monde à venir... | |
Banniange |
J'adore ce poème ou l'on sengouffre dans une grotte oû une fine ataignée tricote et tisse petit à petit les mémoires de ce que nous fûmes. Bravo et merci pour ce fabuleux partage | |
philomène |
A la recherche du temps perdu, on découvre que ce que nous avons égaré a été repris par d'autres qui continuent à le faire vivre en eux. Ce temps n'est donc pas perdu pour tout le monde, mais il se transmet, comme un flambeau de vie et sans doute est-ce très bien ainsi. Tes vers en tout cas sont magiques et magnifiques! Tu n'as pas perdu ton temps! |
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eliosir |
Merci eliosir pour ce commentaire édifiant, effectivement, ne soufflons pas trop vite sur nos flambeaux! | |
Banniange |
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