Porc-épic
D'un défilé de dindes, ballet dans le trou
Dont les murs mal hurlés qui présentent des toiles
Happent les resquilleurs aux regards si douteux
Qu'ils vernissent eux-mêmes les œuvres données
D'un photographe ému de sa propre présence
Des clichés entendus sur des papiers glacés
Et la stérilité des pas cent fois relus
Futiles croupissants dans l'heure inemployable
D'une maigre baronne dont les os renseignent
Sur les choix de l'artiste quant à la couleur
(Mais le noir ne se voit qu'avec l'effroi du vide)
Et foulent le parquet des milliers de pieds froids
Entre les encadrures la plainte me sent
Et cette solitude a l'avenir maudit
Qu'on me donne un arceau pour auréoler l'ombre
Une alcôve cachée près des portes concaves
J'ai l'évanouissement pour celles de sortie
On retient un parfum, une énigme, un rejet…
Tout ce qui ne sort pas des sentiers rebattus
Je m'en vais le cœur lourd errer en parallèle
La tête inoculée d'un vaccin misanthrope
Les mains lasses de peau, le cou noué d'écharpes
Mais l'hiver est si rude… un manteau ne suffit
A couvrir le besoin d'un jumelé d'atomes
Je suis inconvenante, fat et sans vertu
Que diraient-ils alors s'ils voyaient dans mon âme
Où tremblent des remous, où vibrent des espoirs
Qu'un Goliath à genoux ne saurait rendre fins ?
Le trop caractérise ma pauvre personne
Toute à dissimuler de bémols qui les gardent
Dans le précieux surfait qui manque à ma mainmise
Je demeure l'éclipse fade du soleil
J‘ai tant d'appréhensions à déployer mes ailes
Je recule en craignant un excès d'envergure
Le corps traumatisé de frustrations dolentes
Même si je ne sais ce que perd mon silence…
J'imagine mourir mon sépulcre de bois
Et les écrits mouillés que le temps empoussière
Je verse sur mes joues un sable filigrane
Qui ressemble à la poudre de marbre et de plomb
Cette coulure-là déforme le visage
Je repense à ces gens, beaux comme des costumes
Aux tableaux accrochés sur les pans de ma vie
Aux sentiments puissants qui soulevaient des houles
J'ai vécu des volcans, des séismes, des guerres
Des plaisirs si violents que le ciel a pâli
Des maux et des pardons, des prières obscènes
Les plus grands abandons dont l'esprit est capable
Là je suis à deux doigts de défaire les chaînes
De hurler dans les douves du château cossu
Pourtant je ne parviens à gracier ce qui freine
Peut-être qu'après tout, j'ai peur de l'inconnu…
Écrit par Edelphe
Le monde extérieur est vaste, terrifiant, lunaire, impropre et merveilleux, violent et plein d'amour.
Le monde intérieur est bien plus encore... Catégorie : Divers
Publié le 24/01/2023
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Ouh là là ! C'est un très beau texte, lourd de sens mais un peu désespéré, non ? | |
Moi80 |
finement dissimulé sous ton style magique tu nous contes une vie pleine et difficile et la peur que je croise avec mon épée froide semble viser la mort que nous attendons tous . merci Edelphe . |
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mayssa |
Merci à toutes les deux Désespéré non, et j'espère pas désespérant non plus ... |
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Edelphe |
Il est des "pas cent fois relus" (une perle d'expressivité et de poésie) qui mènent jusqu'aux profondeurs les plus secrètes de l'âme ... Un monde vaste comme l'infini dort en nous, et seule la poésie d'une plume inspirée peut l'exprimer, comme c'est le cas ici. | |
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