J'ai encore un instant à vous faire partager,
Il y a ce moment que je dois évoquer
Par le biais de cette plume, de son trait assuré
Venir vous dévoiler ma mémoire déflorée
Par l'assaut de ces vers qui n'en finissent plus
De faire danser pour vous mon âme mise à nue.

C'est une nuit de colère où seul face à la pluie
J'essaye de me noyer ou au moins d'oublier
La rage qui me consume sur un fond de musique,
Symphonie de Beethov, Walkyries de Wagner,
Requiem de Mozart, de Vivaldi l'Hiver.
Un mélange détonnant aux accents anarchiques.

Dehors la nuit est noire et un rideau de pluie
Aux allures de déluge, en parfaite harmonie
Avec ma sombre humeur vient l'obscurcir encore
Et j'entends le tonnerre rythmer de mes efforts
A noircir le papier le grattement envoûtant
Qui de mon cœur honnit engloutit les tourments.

Je n'ai pas vingt cinq ans et déjà dans mes mots
Je me prend à plonger, je voudrais me noyer
Et les dits de cette plume qui me harcèle trop
Exigent de s'imposer, comme pour me faire payer
Mes refus répétés d'oser aller écrire
La fin de cette histoire où j'aime trop m'enfuir.

Il n'y a pas de vers au cœur de ce récit
Même si il y a sûrement un peu de poésie
Et oui je balbutie, je rature chaque mot
Je ne sais pas écrire, je ne suis que l'écho
D'un possible écrivain encore à advenir
Mais je m'en moque bien, j'explore mon avenir.

L'histoire importe peu, elle est brouillonne et puis
Qui sait peut-être un jour, ou mieux une autre nuit,
Quand je l'aurais comprise je pourrais lui donner
D'une plume assurée un écrin mérité
Pour l'instant je ne peux rien d'autre qu'oser ainsi
Aller la terminer sur fond de Vivaldi.

La lumière d'un éclair qui vient soudain frapper
Tout près de moi je crois à l'effet d'un bélier
Qui fracasse les portes emprisonnant ma plume
Malgré ma main brisée, un peu comme une enclume
Que l'on aurait ôtée de dessus mes épaules.
Bien mieux en vérité que tous les verres de gnôle.

La nuit avance vite, déjà on voit l'aurore
Qui apaise la pluie. Pourtant j'écris encore,
Mais cette fois en chanson même si je dois l'avouer
Je ne sais plus laquelle, j'écris, vous comprenez ?
J'inspire à pleins poumons, je relève les yeux
Et je regarde l'heure. Je me sens beaucoup mieux.

Une plume de Dehorian

Le 21/02/11