La ruelle est vide, cher Jack, t'es-tu fait peur,
Aurais-tu écrasé la queue de Belzébuth,
De l'horrible Gorgone étais-tu le coiffeur
Ou le dentiste du Nosferatu hirsute?

Au musée de cire, la valse bat son plein,
Les masques de velours s'empourprent de désir,
Les robes toupillent au souffle du Zéphir
Et des melons broyés s'accrochent aux blancs seins,

Des momies enfiévrées claquent des castagnettes,
Des capucins pansus récitent des sornettes,
Un vieux veilleur de nuit astique sa lanterne
Tandis que Fantômas bondit d'une poterne,

Une poupée mimant la Dame aux Camélias
Peine les visiteurs de son regard si las,
Son amant pétrifié, deux allées plus lointaines,
Oublie la beauté de son teint porcelaine,

Au musée de cire, la valse bat son plein,
Goules et vampires apprécient le mille-temps,
Et quand les visiteurs ont fui le monument
Les statues prennent vie et chantent un refrain,

Un slave président envoie maintes oeillades
Et crache en ricanant des vipères lubriques,
Un autre tout flapi lance quelques pochades
Avant de rencarder une fée numérique.

Des grées boulimiques avalent des fakirs,
La reine d'Angleterre encanaille un junkie,
Les moudjahidines afghans vont cueillir des jonquilles
Tandis que les mollah s'envoient un autre kir,

Soudain tous ces pantins s'envolent en fumée
Vers les constellations que forgent les titans,
Ces dompteurs éternels des matois caïmans,
Au fond de nos rêves, enflamment nos années,

Et nous voilà tous deux dans ce palais de glace
Où tanguent mollement les flammes d'un grand feu,
Nos regards enlacés tournoient dans le palace
Mirant à l'infini nos reflets amoureux.

De la part des reptiliens Ocelange