"Si nous voulons que tout reste pareil, il faut que tout change".
Dixit le guépard de Lampedusa.
Qu'irez-vous donc déposer dans les urnes
Sinon les cendres de vos espoirs,
A quoi penserez-vous derrière le lourd rideau noir
Pendant que vous parcourez debout sur vos cothurnes
Ce palimpseste nécrologique où figurent
A l'encre sympathique les dynasties roturières
Des compulsifs du pouvoir,
Il vous faudra en choisir un qui ne sera pas l'autre
Mais si l'autre n'est pas l'un, n'est-il pas plusieurs?
Combien de masques disent toujours la vérité,
Combien de vérités se masquent et s'oublient
Dans les caniveaux où brillent les reflets
De lanternes en vessie,
Sommes-nous tel Oedipe en quête d'un père
Qu'il nous faut toujours tuer pour le substituer?
Qu'attendons-nous de ce théâtre guignolesque
Où s'emmêlent les fils de pantins grotesques,
Ces spectres pommadés, botoxés, ripolinés,
Dégueulés commerciaux en chasse de gogos,
Hypnotiseurs de pacotille, magiciens à moumoute huileuse,
Regardez ces numérologues débiter les chiffres fabuleux
Qui ensuqueront les babas...
La république est amnésique, les droits de l'homme dépréciés,
Le parlement tétanisé, la presse lobotomisée,
Le citoyen automystifié (au moins, il participe) et la parole humiliée,
La justice a gardé le glaive mais a perdu le balancier…
Rappelons-nous cette maxime
De ce célèbre aphasique jamais là quand on l'espère :
Au nom du père, les non-dupes errent.

Écrit par Banniange
Il faut habiter le monde comme un poète
Catégorie : Politologie
Publié le 21/04/2022
Ce texte est la propriété de son auteur. Vous n'avez en aucun cas le droit de le reproduire ou de l'utiliser de quelque manière que ce soit sans un accord écrit préalable de son auteur.
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Commentaires
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Posté le 21/04/2022 à 11:00:39
Un bel édifice de constats et de ressentiments, pour un poème social, politico-navré
Le sujet est sur la table, dans l'urne les cendres de l'espoir (bien trouvé cette formule)
Bravo
Edelphe
Posté le 21/04/2022 à 12:03:59
bravo ! un texte fort et apprécié, merci Banniange pour cette réalité

@micalement
Gabrielle-E
Posté le 21/04/2022 à 14:41:00
Triste réalité que celle d'une République qui semble à bout de souffle et en laquelle les citoyens ne croient plus. Car c'est la porte ouverte au pire ...

A force de ne vouloir élire que des candidats qui soient nos reflets fidèles vus dans les miroirs que nous plaçons devant nos yeux, nous en sommes venus à nous détourner de ce qui faisait le vivre-ensemble : l'acceptation que tout ne soit pas dimensionné à la "courtitude" de nos nez.

Un texte aux images fortes, aux mots qui s'entrechoquent avec à-propos, mené de plume de maître et lu avec le plus vif intérêt.
Ombrefeuille
Posté le 21/04/2022 à 14:53:24
Merci à vous pour vos commentaires avenants, bien sûr, ombre, ce texte est un peu rancunier...qui n'est jamais bonne conseillère mais ce spectacle pitoyable de charmeurs de serpents en latex devient insupportable ou au mieux risible, les défis qui attendent nos sociétés exigent un changement en profondeur(climat, environnement, paupérisation, pathologie sociale en tout genre...)que n'apporteront pas ces énarques ampoulés, il faudra de puissants mouvements sociaux loin des particraties et leurs mantras aussi creux qu'un tronc d'arbre après la foudre...
Banniange
Posté le 22/04/2022 à 04:41:01
L'élite politique et économique règne mais est petite. Même ses forces en uniformes sont ténues. Les élites financières avec lesquelles elle gère sont délogeables physiquement.
Pour gouverner et régner, il s'agit pour les élites faibles d'administrer à l'intérieur des têtes : médias privilégiant le fait divers qui fait peur et rend haineux, publicités qui dénaturent le sens des mots les plus simples, politiques qui ne tiennent pas promesses et enlèvent l'effectuation du sens des mots, tous ces comportements déconcertent et, en suscitant et en entretenant le désarroi, obtiennent ce que ces cercles de langage et de pre scriptions d'opinions qu'ils dirigent d'une certaine façon, et ils (journalistes, publicitaires, politiques) sont issus des mêmes écoles de formation, mais sont si peu nombreux qu'ils doivent administrer la peur, la haine, le désarroi dans les têtes des foules, s'ils veulent encore nous dominer.

Je travaille dans le métro parisien. Quand des repères pour se guider sont perdus ou peu visibles, et qu'il y a une foule de gens qui sont obligés de bouger sans cesse sinon l'engorgement bloque tout, alors le désarroi de certains se lit, la crainte de se perdre qui est instinct, et alors les chocs des réorientations, les absences de courtoisie du fait des casques et écouteurs, pourraient créer des situations assez ingérables si les gens n'étaient pas si humains.

En France dernièrement, les milieux populaires autour de la capitale et les grandes villes de province ont une coloration politique dominante proche de l'extrême-gauche qui devrait bouger dans les rues socialement dans l'avenir, la province au sens qu'elle est proche de la "campagne" est majoritairement proche de l'extrême-droite parce que les médias font croire aux gens que les banlieues sont désormais des émirats salafistes peuplées de jeunes qui cassent tout (j'habite à Argenteuil où se trouve la plus grande mosquée de France, de nombreuses femmes voilées en relation avec la structure de la population argenteuillaise, et il fait bon vivre dans ma ville paisible mais ma sœur habitant Saint-Raphaël ne peut pas le savoir).

L'élite dirige à distance dans les têtes du peuple qui est nous tous, elle applique l'adage "diviser pour régner" avec malheureusement beaucoup de succès depuis longtemps. Mais les dernières élections en France montre un roi nu : il devrait y avoir bientôt des luttes politiques assez semblables à ce qu'ont fait les gilets jaunes avant la survenue du covid-19.

Personnellement, je ne regarde plus les informations télévisées depuis 2014, je ne lis plus les journaux (sauf deux d'entre eux) depuis un ou deux ans, et le peu que j'aperçois concernant la guerre présente, avec ce déchaînement d'une haine anti-russe qui va jusqu'à chasser les sportifs handicapés russes des instances internationales (avec ce deux poids deux mesures envers d'autres agresseurs à propos desquels "on" ferme les yeux, mais la mesure adoptée est infâme basiquement, mesure d'exclusion pour handicapés qui est raciste, également), ce racisme "justifié" à soutenir les victimes ukrainiennes, ici en guerre s'il touche le peuple russe européen et chrétien, j'imagine comment il s'autorise à considérer les gens non européens et non chrétiens de traditions, et le paysage politique électoral français ne m'étonne pas, qui a vu les candidats en chevilles avec les journalistes mordre la poussière électoralement. Les Français font du ménage ce printemps dans leurs têtes, et moi qui suis un optimiste j'espère que de bons choix seront fait pour la vie de la cité, qui est la politique à sa base très nécessaire, par les gens pour lesquels j'ai voté en pleine conscience de mon choix indispensable pour moi et, j'espère, pour mon peuple qui pour moi est Un et indivisible selon ma Constitution républicaine issue d'une révolution.

Il y a tout dans ton poème, j'apprécie ta présentation complète, source de ces réflexions jetées à la va vite, tu m'en excuseras, cher poète Banniange.
jacou
Posté le 22/04/2022 à 07:36:34
Un texte fort et puissant qui mène à réflexions face à une triste réalité...
"Combien de masques disent toujours la vérité
Combien de vérités se masquent et s'oublient"
Bravo !!!
Lucyline
Posté le 22/04/2022 à 09:56:08
Merci Lucy et jacou,ton beau témoignage comme nouvel Edit de tolérance devrait être publié dans tous les médias surtout ceux que tu ne lis plus (et je ne peux que m'associer à ta démarche).
Banniange
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