Serions-nous forcés d'être heureux quand on a seize ans
Un matin bien gris, je vois les lampes du parc
Je ne veux pas te voir, et pourtant je m'y rends
Calme et le saule réconfortant forme un arc

Là, baigné de soleil, te voilà qui chantonne
Sans qu'un instant tu ne me prêtes attention
Je ne peux fermer les yeux, tant mon coeur bourdonne
Je me laisse emporter par le son oisillon

Forte de ma faiblesse, la haine amoureuse
Admire celui que je voudrais dénigrer
Elle m'étouffe, cette bête raison affreuse
Et je renie mon art de la muse inspiré

O amour infondé, cesse de tourmenter
Celle qu'auparavant tu n'avais visité
Moi, je ne puis m'empêcher de le contempler
Lui, dont seul le mépris m'a déjà regardée

Je suis amoureuse, hélas, ô que suis-je folle
Folle de lui, moi, qui lui suis tant invisible
Il y a longtemps je me croyais invincible
Maintenant, je ne suis qu'inepties et alcools

A la veille du crépuscule, je déclare
Serions-nous forcés d'être heureux quand on a seize ans
Tu pars, je sais, j'entends ta moto qui démarre
Devant, tu files sans peur vers le firmament