Sur le bord de la seine
J'ai noyé des morceaux
De bonheur et de peine
Tu sais rien n'est plus beau
Que semer mille graines
Pour que pousse une fleur
Si les saisons sont vaines
Rien ne vieillit le coeur
Et j'ai trempé mes lèvres
Dans des vagues de mots
Oui l'amour ça élève
Quelques mètres plus haut
Des frissons pour un cou
De tonnerre à la nuit
Et l'orage à tes joues
Les rivières sans lit
Si j'ai la peau froissée
C'est le temps qui m'endort
Le rêve est la pensée
La frontière à la mort
Moi je mords les soleils
C'est du jaune à mes dents
J'ai l'sourire des vieilles
Qui vous parlent d'avant
Quand elles ont dans les mains
Quelques siècles d'amour
Quand à chaque matin
Elles inventent le jour
Moi je n'invente rien
J'écris à l'encre blanche
Tout en haut d'un quatrain
Le coeur en avalanche
J'ai pas vécu grand chose
Mais je t'ai vécu toi
Pour l'odeur d'une rose
Combien d'épines aux doigts
Combien de peaux trouées
Par des larmes à feu
Les blessures cachées
Ne guérissent pas mieux
Alors je me promène
Sous le ciel immobile
Sur le bord de la seine
Je remonte le fil
De chaque cicatrice
Et de chaque tendresse
L'amour au précipice
De ses propres promesses…
Si le ciel est d'été
J'ai l'hiver dans les yeux
Les blessures cachées
Ne guérissent qu'à deux.