...Je ne fus jamais attaché à autre chose
qu'aller plus avant dans la découverte de l'esprit humain,
et de nous ramener des excès qui nous gouvernent
à une sobre volonté,
imposant le calme dans la tempête.
L'époque est agitée.
Et moi, je dis qu'il ne faut pas
la vouloir plus rapide à s'agiter encore.

J'ai marché beaucoup pour dire cela.
Longtemps, on m'a cru perdu, or j'avais fait retraite
(j'ai toujours vécu en moine, je m'en aperçois).
J'ai mis de l'ordre dans les pensées de quelques-uns,
c'est déjà ça : à moi d'affronter les miennes !
Mais où puiserais-je un secours ?
Je devrais les confier à d'autres,
et qui me les rendrait ?
Quelque plagiaire, s'étant nourri de moi.

Je veux pour l'esprit un socle solide,
non pas une statue qu'on juche dessus,
mais une girouette qui grince au vent
inclinant les hommes vers la direction qui inspire :
celle de l'Orient.
Qui nous vengera de ces hommes valides
qui ne cherchent que du temps à perdre ?
Leurs ancêtres cherchaient le Graal, le Christ, un paradis.

Le paradis est ce jardin à nos pieds
que nous ne savons fouler qu'en piétinant sa vigne...
L'ivresse n'a jamais garanti la vision.
Certains psaumes seraient-ils trompeurs ?
Qui a raison, des protestants ? Des catholiques ?
L'Evangile est un mètre d'Allemagne,
et l'étalon de sa rigueur
fait que nous sommes tous fils de pasteurs,
guidant les âmes.

Et encore d'autres patriarches viendront après nous,
montant sur les cimes,
sondant les abîmes...
Mais parmi eux,
combien de maîtres équilibristes
pour les chevaux fougueux de nos passions ?...

(à suivre)