Nous n'habitons plus le château depuis longtemps
Il est déserté de ses anciens habitants
Etions-nous bien les seuls à vivre entre ses murs ?
Ou émanait-il hors de nous d'autres murmures ?
Ce château dominant sur sa verte colline,
Il s'y trouvait en lui une menace obscure
Le paysage environnant de la nature
Laissait filtrer une vague rumeur maline
Sans doute étions-nous morts sans tout à fait savoir
Ce qu'est la mort, faute d'un au-delà plausible
Et nous errions en tous les recoins du possible
Sans aucun havre de paix pour nous recevoir
L'univers n'est pas si vaste que l'intérieur
De l'âme que nous explorions ainsi qu'un monde
Un Esprit sans limite avait trouvé son heure
De s'installer en nous, dans les psychés profondes
Nous n'étions pas plus épais que toile arachnide
Des filaments de nous étaient tissus de songe
Nous étions le rêve et la sentence impavide
Qui veut que la vie ne soit qu'un vaste mensonge
Nous avons hanté les murs de vastes bâtisses
L'ennui passionné d'exister dans vos miroirs
Avait amusé la galerie d'anciens si lisses
Surveillez vos maisons, nous sortons tous les soirs !
![]() |
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Fantastique/Sf
Publié le 12/09/2020
|
Poème Précédent | Poème Suivant |
Fantastique/Sf à découvrir... | Poèmes de jacou au hasard |
Annonces Google |
![]() |
L'univers comme la psyché ouvre sur des infinis, nous ne comprendrons ni l'un ni l'autre tant que nous ne les regarderons pas comme les faces d'une même pièce. J'aime beaucoup ce poème où les acteurs ont mis du temps à comprendre ce qui leur arrivait (ce qui doit être parfois le cas), leur ennui puis, à la fin, leur résolution à sortir se promener. Je vais donc surveiller mes miroirs et ne manquerai pas de les saluer de ta part si dans l'un d'eux je les aperçois. |
eliosir ![]() |
![]() |
Le titre renvoie au roman d'anticipation de Phillip Dick, à l'ombre de Kafka, si je ne me trompe et le poème inquiétant à souhait évoque ce retour du refoulé que le miroir, cet inconscient qui nous scrute impitoyable symbolise à merveille, j'aime particulièrement la cinquième strophe! |
Banniange ![]() |
![]() |
Et bien moi , je laisse les fenêtres grandes ouvertes...ces fantômes qui ont l'air humains sont les bienvenus ... J' aime particulièrement ce passage : " L'univers n'est pas si vaste que l'intérieur De l'âme que nous explorions ainsi qu'un monde " Bravo Georges pour ce talentueux don poètique qui hante ton esprit et que tu partages avec nous ! |
Yuba ![]() |
![]() |
Fantomatiques maîtres de ce château, leur histoire ouvre sur ce monde parallèle qu'on ne peut connaître tant que la vie nous anime. L'expressivité de votre écriture garantit ce petit frisson que peut faire naître les histoires de fantômes hantant de vieux murs, les vôtres n'entendant pas se contenter de leur demeure et ayant quelques visées extérieures! Je crois bien que je scruterai attentivement la rue en fermant les volets, ce soir, et que je vérifierai que la porte de l'appartement est bien verrouillée! Lol! Et au-delà du sujet fantastique, j'y vois aussi comme une allégorie de la psychologie humaine, quand il arrive que nous nous sentions "enfermés" dans nos sentiments, dans notre vie, et que l'envie nous prend d'élargir notre horizon personnel. Mais bon, c'est là un ressenti peut-être purement personnel. En tout cas, merci beaucoup pour ce moment de poésie fantastique, thème que j'apprécie beaucoup quand vous vous en emparez, un poème que je mets en mes favoris. En toute vive amitié pour vous :) |
Matriochka ![]() |
![]() |
Eliosir, grand merci à toi ! J'ai été influencé ici par deux films mémorables portant sur des maisons hantées : "The Haunting of Hill House" de Robert Wise, roman de Shirley Jackson adapté, vers 1963. Le récit passait par une jeune femme névrosée, l'héroïne, prise au piège tant de sa névrose que de la maison dévorant les vivants : film glaçant ! Et, l'autre film, plus récent, c'est "Les autres" avec Nicole Kidman : le film entier nous expose une situation où la famille d'une femme et de ses deux enfants se croient vivante, or nous, spectateurs, nous découvrons à la fin de l'histoire qu'il s'agit d'une famille de fantômes ! Récit malin ! Les histoires de fantômes présentent bien des surprises, surtout quand le cinéma s'en mêle ! Il y a même une nouvelle de Oscar Wilde humoristique, mettant en scène une famille de fantômes peureux ! Bon samedi à toi. |
jacou ![]() |
![]() |
Banniange, je te remercie. En effet, le titre renvoie à ce cauchemar dystopique de Dick où les nazis et les Japonais ont gagné la guerre. Les romans d'imaginaires incitent à interroger l'ordre des choses, depuis les utopies des Thomas More et Campanella jusqu'aux dystopies d'Orwell et Huxley, je les apprécie de me faire réfléchir sur l'Histoire et ses embranchements possibles en devenirs multiples. Mais le maître qui a entrevu le réel à venir est resté fidèle au réalisme, juste teinté de cauchemar, et c'est bien Kafka que tu nommes, si sensible aux frémissements minuscules qui engendrent l'anormalité, ceci vous chassant bientôt de votre place en ce monde ! Il s'en faut d'un rien : un traité de racisme eugénique, une pseudo "science" des mensurations du crâne, et vous voilà à Auschwitz... Kafka a pressenti cela ! Retour, là aussi, d'un refoulé à la dimension de la civilisation, qui interroge vers Freud, autre formidable auteur issu comme Kafka de la Mitteleuropa. Les miroirs grimaçèrent, alors ! Bon samedi. |
jacou ![]() |
![]() |
Assia, merci, car notre univers intérieur est si riche que cette banque de données perpétuelle mises à notre disposition suffirait à nous évader dans un monde parallèle pour toujours. Heureusement, la folie fait peur et nous retient de ce côté-ci des choses. Mais, c'est un délicieux frisson, parfois, dans le noir le plus sombre, que de s'imaginer ailleurs, en communication avec des anciens, des êtres chers que nous venons de perdre par exemple, et de croire avoir communication de leur amitié et de leur affection qui se perpétue...dans tous les mondes. Car les fantômes ne sont pas que frissonnements, ils sont également délicieux compagnons de néant. Bon samedi à toi. |
jacou ![]() |
![]() |
Matriochka, merci beaucoup. Toujours, vous touchez juste par vos fibres sensibles. L'enfermement intérieur, celui que peut connaître un être paralysé (je le fus brièvement à 19 ans) est comme une catastrophe de communication avec autrui, car l'on se retrouve muré en soi sans espoir de retour, sans parole, sans geste, avec un cerveau seul fonctionnant mais qui s'affole... Cette petite expérience vécue au seuil de l'âge adulte m'a rendu sensible à cet arrière-monde visible au fond des miroirs : celui du basculement vers la folie, coupure sans espoir d'avec l'univers raisonnable de nos perceptions assurées. Mais qui m'assure, moi, de ma juste perception de la réalité ? Moi-même, par les filtres de mes sens et de mes membres, et de l'entendement. Je fus brièvement une statue de Condillac avant 20 ans, je suis devenu un interrogateur des formes de l'art pour m'assurer que je suis bien dans le monde. Le fantastique, lui, me fournit les provisions d'impossible qui me permettent de faire la part des choses existantes. Bon samedi. Avec ma très vive amitié pour vous :) |
jacou ![]() |
![]() |
Et voilà ! A force d'explorer "les recoins du possible" (superbe !) et "les psychés profondes" (magnifique !), les fantômes en sont venus à ce mal des vivants : l'ennui ! Ce que c'est que de nous !!! :) J'ai beaucoup aimé cette plongée dans l'irréel, dans le presque réel, dans le "et si, au fond ..." que votre plume rend vibrant. Je gage que mon appart archi-cubique et fonctionnel découragera la curiosité de ces hôtes d'outre-murs, eux qui prisent les corridors pleins d'échos et les portes qui grincent. Qui plus est, aucun de mes deux chats n'est noir. Ouf !!! En favori direct, ce poème, je le "kife" au plus haut point ;) |
Ombrefeuille ![]() |
![]() |
Oh ! merci profondément Ombrefeuille de goûter ce conte fantômatique inspiré par des lectures et des films ! J'aime les fantômes, ils sont semblables à des regrets, à nos larmes d'avoir si bien vécus dans ce monde, et de n'être plus qu'ombres errantes... Belle semaine à venir pour vous :) |
jacou ![]() |
Annonces Google |