Ô combien de marins….de notre grand Maître à tous
Victor HUGO !
Ô combien de quatrains, combien de vains poèmes,
Qui sont partis joyeux, pour des contrées lointaines,
Dans un morne horizon, se sont évanouis ?
Combien ont disparu, rejetés dans l'oubli,
Dans un enfer sans fond, et sans qu'aucun lecteur
N'ait daigné apprécier ce qu'ils coûtaient de sueur…
Combien de rimailleurs, à la plume facile,
Se disant inspirés par la belle Erato,
Ont mordu la poussière, sans le moindre bravo
Qui viendrait encenser leurs rimes malhabiles,
Jetées, dans la douleur, sur quelque parchemin,
Oû elles dépériraient, entassés dans un coin !
Nul ne sait votre sort, acrostiches perdus,
Vous sombrez à travers les sombres étendues
D'un oubli méprisant à vos rimes sans gloire,
Ne valant certes pas les honneurs d'un grimoire
Où elles auraient gâché, incontestablement,
Les œuvres des aînés, en leur beau firmament !
On demande, où sont-ils, ces noircisseurs de pages,
Qui douloureusement, poursuivent leur ouvrage
Et dont le souvenir sera enseveli ?
Sans talent, ces forçats, sombreront dans l'oubli,
Et leur front infécond, n'incitera personne
A leur ceindre, c'est sûr, pas la moindre couronne !
On s'entretient de vous, parfois dans les veillées,
Où vos contemporains, toujours prêts à railler
Les échecs d'autrui, en occultant les leurs,
Se rient de vos écrits, avec un grand bonheur :
La critique est aisée, mais l'art est difficile,
Beaucoup l'ont oublié, à leur propre péril !
Bientôt, aux yeux de tous, mon ombre est disparue :
Et mes mots, alignés, mes rimes incongrues,
Couvrant péniblement des feuillets, malhabiles,
Finiront au panier, dans ce triste ustensile
Où froissés, déchirés, en toute dérision,
Je les déposerai, en un ultime affront…
Tant de Maîtres, avant moi, ont écrit de sublimes
Et riches élégies, de somptueux sonnets,
Qu'il me faut convenir, je l'avoue désormais,
D'être trop maladroit dans le choix de mes rimes,
Et trop désordonné dans le choix des sujets !
Sur ces bonnes paroles, je raccroche ma plume,
Et me mets au repos, mieux, en hibernation,
Peut-être qu'au printemps, une résurrection
Me vaudra d'empoigner le marteau et l'enclume,
Pour « forger » à nouveau, en un bien noble airain,
D'autres billevesées, si l'envi m'en revient !!!
Pour ceux qui auraient « oublié » Oceano nox…..
Oh ! combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,
Dans ce morne horizon se sont évanouis ?
Combien ont disparu, dure et triste fortune ?
Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune,
Sous l'aveugle océan à jamais enfoui ?
Combien de patrons morts avec leurs équipages ?
L'ouragan de leur vie a pris toutes les pages
Et d'un souffle il a tout dispersé sur les flots !
Nul ne saura leur fin dans l'abîme plongée,
Chaque vague en passant d'un butin s'est chargée ;
L'une a saisi l'esquif, l'autre les matelots !
Nul ne sait votre sort, pauvres têtes perdues !
Vous roulez à travers les sombres étendues,
Heurtant de vos fronts morts des écueils inconnus
Oh ! que de vieux parents qui n'avaient plus qu'un rêve,
Sont morts en attendant tous les jours sur la grève
Ceux qui ne sont pas revenus !
On demande " Où sont-ils ? Sont-ils rois dans quelque île ?
Nous ont' ils délaissés pour un bord plus fertile ? "
Puis, votre souvenir même est enseveli.
Le corps se perd dans l'eau, le nom dans la mémoire.
Le temps qui sur toute ombre en verse une plus noire,
Sur le sombre océan jette le sombre oubli
On s'entretient de vous parfois dans les veillées,
Maint joyeux cercle, assis sur les ancres rouillées,
Mêle encore quelque temps vos noms d'ombre couverts,
Aux rires, aux refrains, aux récits d'aventures,
Aux baisers qu'on dérobe à vos belles futures
Tandis que vous dormez dans les goémons verts !
Bientôt des yeux de tous votre ombre est disparue.
L'un n'a-t-il pas sa barque et l'autre sa charrue ?
Seules, durant ces nuits où l'orage est vainqueur,
Vos veuves aux fronts blancs, lasses de vous attendre,
Parlent encore de vous en remuant la cendre
De leur foyer et de leur coeur !
Et quand la tombe enfin a fermé leur paupière,
Rien ne sait plus vos noms, pas même une humble pierre
Dans l'étroit cimetière où l'écho nous répond,
Pas même un saule vert qui s'effeuille à l'automne,
Pas même la chanson naïve et monotone
Que chante un mendiant à l'angle d'un vieux pont !
Où sont-ils, les marins sombrés dans les nuits noires ?
O flots ! que vous savez de lugubres histoires !
Flots profonds redoutés des mères à genoux !
Vous vous les racontez en montant les marées,
Et c'est ce qui vous fait ces voix désespérées
Que vous avez le soir, quand vous venez vers nous...
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Merci, c'est toujours un délice de te lire, et puis, ensuite retrouver Hugo c'est un partage jamais terminé |
flipote ![]() |
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C'est sublime mais tu sais que tu peux te faire éditer chez édilivre.com |
eric ![]() |
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J'ai bien aimé tes "rimes incongrues". Belle inspiration. |
Marouette ![]() |
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Merci pour ce double partage ! |
Jerem ![]() |