Ceci pour éclaircir tes doigts froids
T'est destiné, point de taches, lève l'encre
Que ta cartouche donne mots à ton droit
Déleste-toi sur plume jette l'ancre.

Amarre-toi pour ma lecture de nuit
Heures curieuses à mon humeur de mère,
Toi, plus cher que ma prunelle, est-ce pluie
Qui goutte sur ma joue sans barrières ?

Tu me contes le parfum de la lune
Le miroir d'un étang, nuage blanc
Floconneux contours, ta jolie brune
Images ralenties puis ton élan !

Dans l'apparence d'un pur devenir
Ta farandole de mots déposés
En cadence agile ne veut mentir
Voici, le rompu, défait, noué...

Que te caches-tu de sombre, de captif
En toi un plein de pépins m'instruit
Comme orange fendue par un canif,
Ne laisse pourrir ; écris ce fruit.

Je viens te kidnapper pour plus clair
Perçois donc mes deux bras en corbeille
Ma présence n'est rien d'autre qu'un éclair
Et mon silence qu'un travail d'abeille.

zenobie d'Ève